Le titre est provocateur, ou « taquin » ? C’est un clin d’oeil volontaire aux sentiments mitigés qu’éprouvent les Grecs (du moins ceux que je côtoie, qui ne sont peut-être pas représentatifs… peut-être) vis-à-vis de l’Allemagne; que ce soit pour les événements de la Seconde Guerre Mondiale, pour la mise en place de l’austérité suite à la crise de 2008… ou, plus insidieusement, à la volonté d’oublier la germanophilie des monarques à la refondation du pays au 19eme siècle et ce depuis l’entre deux guerres.
Tordons immédiatement le cou à cette provocation et, observons cette émission conjointe entre la Grèce et l’Allemagne de 1990, elle célèbre le centenaire de la disparition d’Heinrich Schliemann, avec en arrière-plan ce qui restera comme sa découverte la plus symbolique : la Porte des Lions de Mycènes.
Autodidacte, ce polyglotte (allemand, français, anglais, hollandais, russe, italien, portugais, espagnol, arabe, latin, grec ancien et moderne) était persuadé que les récits d’Homère décrivaient des lieux et des événements historiques. Sa sagacité le poussa vers l’archéologie pour retrouver ces lieux et prouver cette théorie. Il découvre ainsi le site de Troie en 1870, aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’Unesco (sous le nom d’Hissarlik, en Turquie). Puis il découvrira les sites de Mycènes (1874), Orchomène (1880) et Tirynthe (1884) !
A l’époque c’est un événement ! Les récits d’Homère décrivent bien des faits historiques et des lieux précis… théories doublements renforcés par la découverte de parures en or et surtout du « Masque d’or« , à l’époque identifié comme celui d’Agamemnon !
Cependant des travaux ultérieurs, plus rigoureux et avec une méthode plus scientifique, remettront en cause cette théorie. Entre 1932 et 1938 les derniers arguments en faveur de la véracité historique des récits homériques tomberont, mais la position du site de Troie sera confortée et corroborée par les dates fournies dans les écrits d’Hérodote !
Si la théorie homérique ne survie donc pas à Heinrich Schliemann, ses travaux auront permis de découvrir des sites majeurs de l’histoire antique et, comme souvent en archéologie, ouvert la voie à des découvertes plus grandes encore. L’héritage archéologique d’Heinrich Schliemann est donc indéniable malgré les quelques raccourcis que lui ont reprochés ses contemporains.
Et ce n’est pas le seul héritage, sa propre maison (Iliou Melathron) à Athènes, est devenue le Musée Numismatique présentant une collection de pièces allant de l’antiquité à nos jours. Cette maison, représenté sur le timbre ci-dessus, fait partie du patrimoine architectural d’Athènes car dessinée par Ernst Moritz Theodor Ziller… naturalisé Grec après l’indépendance et auteur de nombreux chantiers de constructions dans la « Nouvelle Grèce »… mais c’est une autre histoire !
En image à la une vous retrouvez une carte maximum produite par l’Allemagne lors du premier jour d’émission. Au bas du cachet vous pouvez retrouver la signature Heinrich Schliemann en caractères grecs qu’il utilisait le plus souvent en tan que signature au quotidien.
Philatélie Hellénique 