Aujourd’hui un peu de chimie ! Je vais apporter une réponse chimique à un phénomène que nous croisons de plus en plus souvent et, que nous appelons l’oxydation.

Hellas 4Bb
Hellas 4Bb, source : A.Karamitsos vente 627

Revenons rapidement sur l’histoire des pigments pour avoir une meilleure compréhension d’un phénomène qui frappe principalement les timbres orange. Le premier pigment chimique ne date que de 1856, il s’agit de la mauvéine créée par William Henry Perkin. La découverte est fortuite puisque la recherche du jeune chimiste de 18 ans portait sur un traitement contre la malaria en synthétisant la quinine.

Avant cela, tous les pigments sont produits à partir de végétaux ou de minéraux. Pour produire la couleur orange, l’une des méthode minérale consiste en l’obtention (via chauffage d’oxyde de plomb) de tétroxyde de plomb (Pb3O4) à 375°C. Si la température augmente jusqu’à 605°C on obtient le monoxyde de plomb (PbO) qui est de couleur jaune.

Orange minium
Orange minium : tétroxyde de plomb
Oxyde de plomb
Jaune : oxyde de plomb

Le problème avec le pigment orange ainsi obtenu, problème qui ne préoccupait pas les imprimeurs de nos timbres classiques, est qu’après 25 ans le tétroxyde de plomb va commencer à s’altérer sous l’effet de la lumière pour noircir.

Un autre phénomène qui touche ce pigment est l’absorption de deux composés présents (notamment) dans la pollution atmosphérique : le dioxyde de carbone (CO2) et, le dioxyde de soufre (SO2). En réagissant avec ces deux composés notre pigment orange se recristallise en PbCO3, qui blanchit le pigment et, en PbSO4 qui lui donne une teinte dégradée dans les gris.

Canada #1
Oxydation sur n°1 du Canada, source : Arpinphilately

Nos timbres classiques orange sont donc en danger s’ils ne sont pas conservés et protégés correctement !

1870 Ceres
Cérès de 1870, source @Defenderium